Secrétaire de la section châtelleraudaise
du Parti socialiste, Cyril Cibert est gay et ne le cache pas. Il attend
beaucoup de la loi sur le mariage pour tous.
Ne lui parlez pas d'homosexuel. Comme il est question de « mariage pour tous », Cyril Cibert préfère l'appellation « gay ».
« Comme ça, ça marche pour les filles et les garçons. » Et quand on est gay, on cherche d'abord ce qui peut rassembler. Les divisions et l'ostracisme, on connaît.
Cyril Cibert aussi.
« Comme
pour tous les gays, ça n'a pas toujours été facile. On ne choisit pas
d'être gay, on le subit. C'est ce que j'explique aux jeunes que je
rencontre quand j'interviens dans des collèges ou des lycées : on ne
choisit pas de naître musulman, pas plus que d'être gay. »
" Un devoir de vérité "
Lui a fait le choix de son coming-out voilà une dizaine d'années, devant ses parents.
« Ça a été dur, raconte-t-il pudiquement.
Je les comprends, ce qui est difficile c'est le qu'en-dira-t-on. » Mais celui qui avait adhéré au Parti socialiste en 1997 en raison du Pacs ne pouvait plus garder cela pour lui.
« Sans être dans la revendication, quand on veut faire de la politique, on a un devoir de vérité. »
Un devoir de vérité qui le conduit aujourd'hui à défendre la future loi sur le mariage pour tous.
« Ça va faire évoluer les mentalités, estime-t-il.
Ce
sera une avancée importante. Je comprends que pour les personnes en
difficulté ce ne soit pas une priorité, c'est simplement une question de
société, que d'autres pays comme l'Espagne ont déjà résolue. »
Proche
de Najat Vallaud-Belkacem avec qui il a travaillé lorsqu'ils
défendaient tous deux les chances de Ségolène Royal, le secrétaire de la
section châtelleraudaise
« n'a pas de crainte » sur le fait que le gouvernement
« ira jusqu'au bout » sur cette question.
" On est face à une énorme hypocrisie "
Et s'énerve de voir certains élus annoncer qu'ils ne célébreront pas de mariages gays.
« Ça
me scandalise de voir des maires dire qu'ils se mettront hors la loi.
Il faut que les préfets leur enlèvent leurs fonctions. »
Sur la question de l'adoption par des couples gays, s'il espère voir la
loi modifiée sous la présidence Hollande, il sait que le combat sera
encore plus rude.
« On est face à une énorme hypocrisie, dénonce-t-il.
Il
y a des milliers d'enfants qui vivent dans des couples gays, où c'est
une femme qui va adopter en Belgique, et où la deuxième n'a aucun droit.
Beaucoup de gays ont eu aussi des enfants ailleurs. Ce qui compte
surtout pour un enfant, c'est le besoin d'amour. Je pense que ce sont
surtout les adultes qui se posent la question. Il faut vite donner un
cadre juridique à l'adoption car aujourd'hui, c'est devenu un vrai
business. »
Élu d'opposition au conseil municipal, Cyril Cibert
peut célébrer des unions. Une possibilité qu'il entrevoit avec une
certaine impatience.
« Des amis gays m'ont déjà demandé. Le jour où je pourrai le faire, je pense que je serai encore plus ému qu'eux. »
A voir également en vidéo sur lanouvellerepublique.fr et centre-presse.fr ou directement sur http://goo.gl/aBIvf
repères
En lice pour un nouveau mandat
Adhérent depuis 1997 au Parti socialiste, Cyril Cibert s'est aussitôt engagé très fortement en politique.
Créateur d'un groupe de jeunes socialistes en 1998, il est appelé par
Joël Tondusson pour occuper le poste d'adjoint aux sports après
l'élection municipale de 2001.
« Ça a été une super-expérience », se réjouit-il. Et, paradoxalement, ce milieu machiste réputé homophobe l'a plutôt bien accueilli.
« Je
n'ai jamais eu de problèmes. J'étais invité à des soirées où je venais
parfois accompagné et ça s'est toujours passé sans soucis. »
Élu
au conseil municipal, il est également conseiller régional et secrétaire
de la section socialiste de Châtellerault. Il briguera un nouveau
mandat le 15 novembre prochain.
il a dit
" Un monde hostile "
Le
sujet est sensible pour Cyril Cibert. Tellement que, de peur de ne pas
avoir été compris, il nous a renvoyé un mail pour préciser sa pensée. En
voici le contenu :
« Les gays et lesbiennes grandissent dans un
monde généralement hostile aux homosexuels et où il n'y a pas de modèles
valorisés d'homosexualité, font qu'ils intériorisent la violence
homophobe qui les entourent (injures, propos méprisants, condamnations
morales, inégalité devant la loi). Cette intériorisation de l'homophobie
peut entraîner un sentiment de culpabilité, de honte, voire des
dépressions ou des suicides (l'homophobie est l'une des principales
causes de suicide chez les adolescents avec 13 fois plus de suicide chez
les jeunes gays). »