Articles les plus consultés

vendredi 12 avril 2002

Le lion n’est pas mort


Après son passage raté à la Berrichonne, François Omam-Biyik, l’homme aux trois Coupes du monde avec les Lions indomptables du Cameroun, est toujours resté à Châteauroux. Il espère désormais faire son retour en tant qu’entraîneur. 

Entouré de sa famille, François Omam-Biyik se sent bien à Châteauroux.
(Photo « NR » Patrick Gaïda)
LE quartier Saint-Christophe de Châteauroux ne le sait probablement pas. Mais il compte parmi ses habitants un des rares internationaux à avoir disputé trois Coupes du monde. Après avoir intégré (très rapidement) l’effectif de la Berrichonne, François Omam-Biyik, aujourd’hui âgé de 36 ans, est resté à Châteauroux. Retour sur une carrière impressionnante.
« La Nouvelle République » : Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
François Omam-Biyik : « Il y a naturellement ce but inscrit contre l’Argentine en match d’ouverture de la Coupe du monde en Italie en 1990. Ça a constitué le coup de fouet qu’il fallait à ma carrière. C’est un souvenir qui revient à chaque fois quand on se retrouve entre anciens de la sélection. Et puis, il y a eu à Lens, la demi-finale de Coupe de France en 1994 qu’on a perdu à Bollaert face à Montpellier. »
« NR » : Vous n’avez en effet pas eu la même fortune en club qu’en sélection nationale ?
F.O.-B. : « J’ai joué deux demi-finales de Coupe sans jamais avoir eu la chance de disputer une finale. J’ai manqué de chance ou de réussite dans certains clubs comme à Cannes où on avait une équipe pour finir dans les quatre premiers du championnat alors qu’on est descendu à l’issue de la saison. »
“ L’année de trop ”
« NR » : Et puis, vous êtes parti au Mexique ?
F.O.-B. : « J’avais le choix de découvrir une autre culture que je ne connaissais pas. J’y ai été invité une semaine, je suis tombé sous le charme au bout de deux jours. Je devais y rester trois ans, j’y ai finalement passé cinq ans. »
« NR » : Jusqu’à votre arrivée à la Berrichonne en septembre 1999 ?
F.O.-B. : « J’avais décidé de quitter le monde pro. Et puis, j’ai reçu un coup de fil de Joël Bats qui souhaitait recruter un joueur capable de mettre des buts. J’ai fait un test d’une semaine et au bout de deux jours il voulait que je signe. J’ai dit oui mais après quelques matchs j’ai eu une rechute au niveau du genou. »
« NR » : Avec le recul, vous pensez que c’était une erreur ?
F.O.-B. : « Je pense que ça a été l’année de trop. J’ai voulu rendre service à quelqu’un que j’aimais, mais ça s’est mal terminé, pour lui comme pour moi. Si je n’avais pas eu ce problème de genou, j’aurais pu rendre service à la Berrichonne. »
« NR » : Pourquoi avez-vous décidé de rester malgré tout à Châteauroux ?
F.O.-B. : « L’année scolaire était commencée et j’ai trois enfants. Et puis, on se plaisait bien ici. C’est une ville calme et je n’ai pas à faire une demi-heure de route pour quoi que ce soit. J’avais la possibilité d’aller ailleurs, à Rennes ou à Lens où j’ai encore des relations. J’aime la tranquillité des petites villes. La vie mouvementée, ce n’est pas ce que je préfère. Je vais voir des matchs de temps en temps et j’ai de très bons amis ici. »
“ Un projet avec Touvent ”
« NR » : Votre passage raté à la Berrichonne ne vous a-t-il pas gêné dans vos relations ?
F.O.-B. : « Chacun dans sa vie a eu des mauvais moments où il n’a pas pris les bonnes décisions. Ça n’a pas entamé nos relations ici. J’ai de très bons contacts avec Thierry Sanselme ou Bruno Allègre. J’ai même un de mes fils qui joue avec les 13 ans de la Berri. Malgré ce passage obscur, on ne m’a jamais embêté avec cela. La vie d’un sportif ne peut pas s’arrêter à ça. »
« NR » : A quoi vous occupez-vous actuellement ?
F.O.-B. : « Je passe mes diplômes d’entraîneur en espérant trouver un club. J’ai rencontré l’entraîneur et le président de Touvent, on est sur un projet pour septembre. Pour l’instant, je m’entraîne avec l’équipe senior et je joue en vétéran à Saint-Denis-de-Jouhet. »
« NR » : Et entraîneur à la Berri, c’est une possibilité ?
F.O.-B. : « J’en ai parlé avec le président mais il y a du monde et je ne veux pas prendre la place de qui que ce soit. Je connais le foot africain mieux que tout le monde et je pourrais leur apporter beaucoup car il y a encore un réservoir là-bas. Maintenant, il y a un nouveau staff. J’attends que ça se mette en place avant de solliciter une rencontre avec M. Trotignon. Je prépare un projet, on verra si ça les intéresse. »
« NR » : N’avez-vous pas l’impression que le monde du football vous a oublié un peu vite ?
F.O.-B. : « J’ai fait ma carrière, on a parlé de moi à ce moment-là. Je n’ai pas joué jusqu’à 40 ans comme Roger Milla, ce qui a marqué les esprits. Si le monde du foot m’a oublié, tant pis. Je trouverai une autre porte de sortie. Je ne suis pas le premier et je ne serai pas le dernier à qui ça arrivera. Dans le monde du foot, les relations jouent beaucoup. J’ai eu une absence de cinq ans quand j’étais au Mexique qui a sûrement joué en ma défaveur. Mais il n’est pas trop tard, je vais revenir. »
“ Je ne pensais pas rester aussi longtemps ”
« NR » : Et si ce n’est pas en France, ce sera peut-être au Cameroun ?
F.O.-B. : « Je passe aussi mes diplômes en espérant qu’après la Coupe du monde, il y aura une possibilité de rentrer dans l’encadrement de l’équipe du Cameroun. C’est une éventualité. Mais je n’ai pas de regrets : j’ai eu la chance de faire trois Coupes du monde d’affilée, et j’ai contribué à mettre cette génération de joueurs sur de bons rails comme Song ou Foë.
« NR » : Quel bilan tirez-vous de votre carrière ?
F.O.-B. : « J’ai fait ce que j’avais toujours souhaité faire. Je suis fier car je ne pensais pas rester aussi longtemps dans le milieu professionnel. J’ai eu ma première blessure six mois après être arrivé en France. Sans cela, j’aurais pu être encore meilleur. Mais c’est déjà bien comme ça. »
Propos recueillis par Laurent GAUDENS.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire