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jeudi 24 juillet 2014

1. Derniers jours de paix pour Maurice Bedel

 
 
 
Le dandy Maurice Bedel vit ses derniers jours paisibles.
A quelques jours du déclenchement de la Grande Guerre, Maurice Bedel, résident de Thuré, profite de l’été. Plus pour longtemps.
L'été 1914 est resté dans les mémoires pour avoir été un très bel été. Résident régulier de Thuré depuis qu'il a épousé Marguerite Lecomte dont les parents possèdent la demeure de La Génauraie, le médecin-psychiatre, qui a édité son premier recueil de poèmes en 1913, choisit de passer juillet à Thônes en Haute-Savoie, chez son oncle d'Orbigny.
Des jours heureux, les derniers, que le couple passe en balades. « On est heureux », résume Maurice Bedel le 9 juillet. Quelques jours auparavant, pourtant, le 28 juin, l'archiduc François-Ferdinand a été assassiné. Mais l'information n'arrive pas à ses oreilles. Il est vrai que le couple a d'autres préoccupations. « Marguerite caresse certains espoirs qui paraissent devoir être légitimes », écrit le romancier, futur prix Goncourt.
Même le 14 Juillet, la fête n'est pas ternie par la tension internationale qui monte. « Journée chaude, gaie, tricolore. On tire des pétards depuis 5 h du matin. Et pour fêter la prise de la Bastille chaque chalet savoyard arbore à son balcon fleuri un petit drapeau tricolore. »
Le 18 juillet, ils assistent au passage du Tour de France.
Ce n'est que le 26 juillet que Maurice Bedel semble prendre la mesure des événements internationaux. « La tante me reçoit ce matin, le visage bouleversé, la voix hachée : " as-tu vu dans le journal, cet ultimatum de l'Allemagne à la France ? " » Mais il semble encore minimiser l'approche de la guerre. « La guerre ? Eh bien, on verra. Quand il faudra marcher, on marchera. » Le 27 juillet, il n'est plus possible d'ignorer l'effervescence. « Eh  ! Mais les événements se précipitent et les braves gens aussi… sur les journaux. […] Dans ce trou de montagne que creuse encore notre impatience d'informations, on sait peu de choses. C'est insupportable. »
 " Quand il faudra marcher, on marchera "
Un « trou » que le couple quitte le lendemain, direction Paris. « L'Allemagne mobilise, nous aussi. » Il quitte son oncle et sa tante. « Peut-être les quitté-je pour toujours… »
Le 29, il gagne Châtellerault et La Génauraie. Il en repart trois jours plus tard. Le 1er août, un télégramme lui donne l'ordre de rejoindre le 2e bataillon à Épinal. Il ne sait pas encore qu'il part pour quatre longues années de guerre.
à suivre
Quatre ans de guerre au jour le jour
C'est une expérience unique que nous vous proposons de vivre : suivre Maurice Bedel (1883-1954) durant les quatre années de guerre au quotidien comme il les a vécues voilà 100 ans. Pour cela, nous nous appuierons sur son Journal de guerre, exhumé par la Châtelleraudaise Chantal Verdon, publié en 2013 chez Tallandier. Le futur prix Goncourt utilisera les moyens actuels pour vous raconter son histoire via notre journal, un blog « Comme en 14 » hébergé sur le site de La Nouvelle République (http://goo.gl/0nB7Vm), une page Facebook et un compte Twitter (@Bedel2014).
Laurent Gaudens

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