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lundi 28 juillet 2014

Châteauneuf le marché des populos



« Ici c'est une clientèle de campagne. »
Châtellerault. On y vient pour son ambiance populaire. A Châteauneuf le marché c’est une tradition, pas un truc pour bobos.
Amis touristes de passage, ne vous trompez pas : à Châtellerault, la distinction se fait dès l'entrée de la ville. Rive droite, et vous êtes dans le centre, un peu snob – tout est relatif, on n'est quand même qu'à Châtellerault – assez bourgeois. Rive gauche, et vous voilà à Châteauneuf, le quartier ouvrier qui s'est construit au temps resplendissant de la manufacture d'armes.
Acmé de cette rivalité, le jour du marché. Le samedi, en effet, à la même heure, chaque rive de la ville a son marché : le centre autour des halles dresse quelques étals ; et Châteauneuf étale ses commerçants tout le long de sa Grande-Rue.
" C'est un très bon marché, tout le monde vous le dira "
Et, si quelques néophytes s'aventurent à passer le pont Henri-IV pour faire les deux marchés tour à tour, la plupart – les « vrais » Châtelleraudais – ont fait leur choix depuis des lustres. Il y a les adeptes du marché de Châteauneuf, comme il y a des accros de celui des halles. Et ce ne sont pas les mêmes.
« Les populations sont différentes » avance prudemment Christian Joubert, le placier. Mais il n'en dira pas plus. Lui, de par sa fonction, se déplace sur tous les marchés – y compris sur celui d'Ozon le mercredi – et il ne faut pas risquer de froisser l'une ou l'autre des clientèles.
Mais si les chalands font leur choix, les marchands aussi. Nicolas Maillet, producteur de fromage de chèvre à Vellèches, s'est ainsi installé sur la rive gauche à la suite d'un départ à la retraite, voilà trois mois. Avec un certain bonheur. « C'est un marché qui me va bien, témoigne-t-il. La clientèle est régulière. Un peu âgée, certes, mais c'est souvent ceux qui mangent mes fromages. » Mais la tendance ne serait pas très favorable : le marché n'a plus de poissonnier depuis des années et a perdu son vendeur de produits asiatiques. « C'est une tendance générale à la baisse sur tous les marchés », constate Christian Joubert.
Certains semblent malgré tout s'en satisfaire, comme Jean-Marie, producteur de légumes à Vendeuvre, présent depuis 18 ans à Châteauneuf. « C'est un très bon marché, tout le monde vous le dira » explique-t-il. « On vend mieux ici. » De l'autre côté, chez les bobos, ce serait plus difficile. « Ici, c'est une clientèle de la campagne pas une clientèle de ville. » Le bonheur serait presque complet s'il ne lui manquait deux choses : un café sur le haut de la rue et… des toilettes. « Depuis le temps qu'on y est, ça serait pas du luxe ! »
Laurent Gaudens

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