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samedi 22 mars 2014

" C'est assez magique "



Émily Loizeau : « On fait un petit saut dans le vide et ça touche les gens. » - (Photo d'archives Bernard Nicolas)
Émily Loizeau sera en concert vendredi au Théâtre Blossac en duo piano-violoncelle. Un moment unique à guichets fermés.
Vous vous êtes lancée dans une tournée en duo avec votre violoncelliste Olivier Koundouno, pourquoi ce choix ?
« J'avais envie de continuer de jouer tout en réfléchissant au prochain album. C'est une sorte de petit laboratoire à deux où l'on explore toutes les manières de faire de la musique à deux instruments. C'est une forme un peu intimiste qui permet de revisiter mes morceaux en se faisant plaisir. »
Comment cette tournée est-elle perçue ?
« On l'a commencée fin février et on a fait quatre-cinq dates. C'est assez magique, on fait un petit saut dans le vide et ça touche les gens. On avait envie à la fois d'émotion et d'une grande simplicité, ce qu'on a apparemment réussi à faire. »
Quelles chansons avez-vous privilégié ?
« On revisite les trois albums. Il y en a peut-être plus du premier mais c'est assez équilibré. On a pris celles qu'on ne jouait plus depuis longtemps. Il y a quelques reprises et quelques surprises. »
Avez-vous un album en préparation ?
« Je suis en train d'écrire plein de choses pour le prochain album. Tout ça va maturer. On va aussi enregistrer un disque de ce répertoire en studio. C'est Polydor qui a souhaité garder une trace de ce spectacle et a préféré le studio car les lives ne se vendent plus trop. Ce sera comme en live mais en prenant le temps d'avoir le son qu'il faut pour chaque instrument. »
Sur votre deuxième album, vous aviez multiplié les invitations (Moriarty, Thomas Fersen, Danyel Waro, Olivia Ruiz, Jeanne Cherhal…), avez-vous envie d'autres collaborations ?
« Je n'en suis pas là. Je n'invite pas pour inviter mais parce que j'ai écrit quelque chose qui me donne l'idée de quelqu'un. S'il y a des possibilités de rencontres, j'adorerai. Je crois beaucoup au hasard des rencontres. »
Si vous aviez la possibilité de faire revivre un artiste décédé, avec qui aimeriez-vous jouer ?
« Si j'avais pu être une bague sur un doigt de Nina Simone, j'aurais été heureuse de ressentir sa musique. Mais j'aurais eu très peur de chanter ou jouer avec elle car elle avait une présence débordante. Je me serai faite manger toute crue. Sinon, il est encore en vie, mais je serai très heureuse de croiser la route de Leonard Cohen. »
On ne vous entend pas souvent sur d'autres sujets que la musique, pensez-vous que ce soit le rôle d'un artiste d'avoir un engagement politique ?
« Ce n'est pas son rôle d'afficher ses opinions. Mais j'ai un peu ouvert ma bouche pour l'écologie, contre le gaz de schiste, contre l'aéroport de Notre-Dames-des-Landes, pour la Syrie ou les sans papiers. Mais je ne le fais pas parce que ce serait mon rôle mais en tant que citoyenne qui a des convictions. Cela dit, quand il y a quelque chose qui me tient très à cœur et que je peux profiter de ma médiatisation, je le fais. J'admire beaucoup les chanteurs engagés mais c'est un talent qui appartient à chacun. »
 " Il y a un vrai danger à toucher les droits d'auteurs et l'intermittence "
Cela fait une petite dizaine d'années que vous êtes sur le devant de la scène, comment voyez-vous votre début de carrière ?
« J'en suis très heureuse. J'ai eu la chance de rencontrer des gens qui m'ont permis de m'épanouir et de faire ce qui me ressemble. Maintenant, les années à venir vont être très excitantes et difficiles. On a de plus en plus de mal à vivre de ce métier mais les périodes de crise donnent la possibilité de coups de pied dans la fourmilière. Il en émergera de belles choses. Mais il faudra s'accrocher, que le public et les gouvernements aient conscience qu'il y a un vrai danger à toucher les droits d'auteurs et l'intermittence. C'est ce qui permet aux artistes d'émerger et à d'autres, peu médiatiques, de vivre et de prendre le temps pour créer de belles choses. Beaucoup de gens pensent qu'on est des privilégiés qui ne font qu'un concert de temps en temps. Alors qu'il y a beaucoup de travail, énormément d'efforts derrière. Il ne faut pas perdre tout ça. »
 Concert (complet) vendredi 28 mars, à partir de 20 h 30, au Théâtre Blossac.
Propos recueillis par Laurent Gaudens

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