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vendredi 8 novembre 2013

14-18 : elle exhume les mémoires d'un Goncourt

Chantal Verdon et le journal de Maurice Bedel. 
Chantal Verdon et le journal de Maurice Bedel.
Ancienne enseignante, Chantal Verdon vient de publier le journal de guerre de Maurice Bedel. Un vrai parcours de combattant long de six ans.
La retraite, certains la préparent longtemps à l'avance. D'autres pas. Professeur de lettre agrégée du lycée Berthelot pendant trente ans, Chantal Verdon faisait plutôt partie de la deuxième catégorie. Mais elle n'a pas eu besoin de se poser beaucoup de questions. « C'est Yvette Maréchal qui m'a proposé de faire une conférence à deux sur Maurice Bedel. » Malheureusement, la présidente de la Société des sciences décède brutalement quelques mois après alors que la conférence est déjà programmée.
700 pages à retranscrire auxquelles s'ajoutent 300 notes
« Je n'avais que peu de livres de Maurice Bedel », se souvient Chantal Verdon. Après avoir fouiné dans les bibliothèques sans trop de succès, elle se rend à la Génauraie, à Thuré, maison de l'écrivain, où vivent encore ses descendants. C'est à cette occasion qu'on lui montre des manuscrits inédits, des journaux de guerre que le prix Goncourt 1927, alors âgé d'une trentaine d'années, a écrits durant les quatre années de guerre.
Elle y plonge alors avidement. « J'ai découvert un récit passionnant écrit dans une langue magnifique. C'était un homme qui vivait l'instant à fond. » Médecin psychiatre, il demande à partir au front dès le début des combats, qu'il décrit au jour le jour avec dessins, cartes et photos. Deux fois blessés en 1915, il repart dans les Vosges, où rien ne se passe, et demande à partir au Maroc. « Il s'est retrouvé dans le Sud Atlas et y a presque fait de l'exploration. C'était un vrai travail d'ethnologue. »
Il revient en Alsace pour la fin de la guerre et prolongera même après l'Armistice pour réorganiser la Sarre. Il y voit le ferment sur lequel se prépare déjà la prochaine guerre. « Il était visionnaire, commente Chantal Verdon. Sur l'occupation de l'Allemagne, il écrivait : " Attention, la bête n'est pas morte ". »
Il faudra plus de six ans à Chantal Verdon pour voir le journal de Maurice Bedel. Il a fallu régler les problèmes des ayants-droit et négocier avec l'éditeur Taillandier. Il lui a surtout fallu retranscrire plus de 700 pages et se documenter pour y ajouter 300 notes. Mais le résultat est à la hauteur de ses espérances : un témoignage exceptionnel sur la totalité de la guerre par un futur Goncourt. Forcément historique.
Chantal Verdon dédicacera le journal de Maurice Bedel samedi 16 novembre en matinée à la Maison de la presse, place Dupleix.
Laurent Gaudens

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