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dimanche 24 novembre 2013

De retour des Philippines : " Juste une goutte d'eau "

L'hôpital de Guiuan, ravagé par le typhon, dont les pompiers ont bâché la toiture. - L'hôpital de Guiuan, ravagé par le typhon, dont les pompiers ont bâché la toiture. - (Photo Laurent Gaudens)
L'hôpital de Guiuan, ravagé par le typhon, dont les pompiers ont bâché la toiture. - (Photo Laurent Gaudens)
Le commandant Thierry Schlieselhuber est parti aux Philippines en tant que pompier bénévole. Revenu dans la Vienne hier, il raconte.
C'est un tremblement de terre qui l'a convaincu de ne pas rester les bras croisés. Celui d'Haïti en 2010. Basé à Chasseneuil, l'ancien chef de centre de pompiers de Châtellerault, le commandant Thierry Schlieselhuber décide alors de contacter l'organisation non-gouvernementale « Pompiers de l'urgence internationale ».
Il lui aura donc fallu trois ans pour connaître sa première mission. Dimanche 10 novembre, deux jours après que le typhon Haiyan a ravagé les Philippines, Thierry Schlieselhuber débarque aux Philippines avec 16 autres de ses collègues.
" On a compté 36 morts entre deux bâtiments "
Direction Tacloban, l'endroit que toutes les télévisions ont montré, où les morts ont été les plus nombreux. « On a compté : entre deux bâtiments, il y avait 36 morts. » Les besoins sont énormes, mais la sécurité n'est pas assurée. « Il n'y avait pas de police, ni d'armée. Il y a beaucoup de dangers. »
Deux jours après leur arrivée, les pompiers français ont donc été transférés plus au Sud vers la presqu'ile de Guiuan. « L'endroit a été très touché mais il y avait moins de morts car il n'y a pas eu de tsunami à cet endroit. »
En revanche, les blessés sont nombreux. « Beaucoup de coupures, à la tête ou aux pieds. C'est à cause des toitures en tôles ondulées. » Seuls sur le terrain, ils parent au plus pressé avant l'arrivée de Médecins sans frontières.
Avant de prendre en charge diverses missions : le bâchage de la toiture de l'hôpital, l'évaluation des bâtiments réparables, la recherche de ressortissants français à la demande du Quai d'Orsay, la mise en place d'une station d'eau potable… « C'est le problème, il n'y a pas d'eau, pas de nourriture. Heureusement, c'est une population de pêcheurs assez autonome. On a réussi à gagner leur confiance et à bien travailler. »
Relayés par une nouvelle équipe mercredi dernier, les pompiers missionnés sont repartis jeudi. Thierry Schlieselhuber n'a retrouvé son domicile châtelleraudais qu'hier après-midi avec un double sentiment. « Le sentiment du devoir accompli mais en même temps ce n'est qu'une goutte d'eau. Plus rien n'est en place là-bas. Il y a un gros challenge sur l'hygiène. S'il n'y a pas d'eau, les maladies vont s'installer d'autant plus qu'il y a un gros problème de déchets qui s'entassent. »
Parti bénévolement sur ses vacances, Thierry Schlieselhuber va retrouver ses collègues dès demain. Avec une autre vision de la vie. « Ça remet à niveau les valeurs. Quand on voit des gens prêts à se battre pour une bouteille d'eau, on se dit que tout le reste est futile. »
Laurent Gaudens

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